Edmond Rostand - Cyrano de Bergerac

28/12/1897 00:00

Cyrano de Bergerac est une pièce en 5 actes écrite presque entièrement en alexandrins. Edmond Rostand la qualifie de comédie héroïque mais les analystes y reconnaissent de nombreuses influences dont la principale est le théâtre romantique ou néo-romantique.

De la comédie héroïque, la pièce possède son sens de l'épique et la description d'un héros dont la vie s'organise autour de l'amour et de l'honneur. Maurice Rostand y voit une œuvre qui exalte les valeurs de l'héroïsme et qui donne à tous le « courage d'être des héros ». D'autres auteurs lui reprochent un esprit cocardier.

Du romantisme, elle possède les caractéristiques du mélange des genres et des registres: on y côtoie la farce et ses coups de pied, les scènes d'amour et le pathétique. La langue alterne entre le registre noble et le registre familier. L'alexandrin se développe sous sa forme classique dans la Tirade du nez ou de celle des Non merci ou dans des répliques où le vers se désintègre. On passe brutalement de la scène intimiste (duo de l'acte II scène 6, trio de l'acte III scène 7, le couvent ...) aux grandes réunions collectives (l'hôtel de Bourgogne, la rôtisserie de Ragueneau, le siège d'Arras).

De la tragédie classique, la pièce conserve son découpage en 5 actes et un style qui rappelle parfois Corneille mais elle s'en démarque par son refus des règles classiques : il n'existe ni unité de lieu, ni unité de temps. L'unité d'action est toutefois respectée. Quant à la bienséance, elle est bafouée par la présentation d'un duel et la mort de Cyrano sur scène.

Jean-Louis Cloët y voit un manifeste de la néo-préciosité en remarquant que le refus des choses vulgaires et l'amour pur y triomphent (en effet, dans la pièce, Cyrano, Roxane et Christian demeurent vierges) alors que C. Flicker voit dans la préciosité de la pièce seulement une étape à dépasser.

Patrick Besnier y décèle aussi un apologue sur la nourriture. Celle-ci rythme en effet les différents actes, de la rôtisserie des poètes de l'acte II aux ventres affamés du siège d'Arras de l'acte IV, Cyrano se singularisant par son abstinence (dîner de l'acte I, scène 5, miettes du festin d'amour de l'acte III scène 10, jeu sur gras et maigre de l'acte V...)

Jean Rostand affirme que son père voyait dans la pièce une symphonie et Jean-François Gautier confirme y déceler « cinq mouvements musicaux avec chacun son caractère, son thème, son rythme ». Catherine Steinegger montre l'importance jouée par la musique dans la pièce (Cornemuse de Montfleury, fifre de Bertrandou, théorbes de d'Assoucy, orgue de couvent).