Simone De Beauvoir - Les Mandarins

21/10/1954 00:00

Dans ce roman Simone de Beauvoir met en scène un groupe d'intellectuels parisiens qui confrontent leurs réflexions sur la société française en 1944 au sortir de la Seconde Guerre mondiale, qui s'apprête à entrer dans la période de la Guerre froide et de la Guerre d'Algérie. Le récit est mené alternativement à la première personne par deux narrateurs : Anne Dubreuilh est une psychiatre et l'épouse d'un grand écrivain engagé Robert Dubreuilh mentor en littérature et politique de l'autre personnage principal du roman Henri Perron. Celui-ci, âgé d'une bonne trentaine d'années, est un résistant, écrivain et dirigeant d'un journal de gauche, intitulé L'Espoir, né dans la clandestinité de 1943. Il vit avec Paule, sa compagne de dix ans, qu'il n'aime plus et qui tente désespérément de sauver leur couple en niant les évidences et en acceptant toutes les demandes d'Henri qui vit des histoires amoureuses, déserte le foyer, et s'investit tout entier dans son travail de directeur de la publication. Le journal lutte en effet financièrement pour sa survie et politiquement pour son indépendance, cherchant à se démarquer des communistes et à proposer une alternative sans renier leur appartenance à la gauche. Dubreuilh réussit à convaincre Henri d'allier l'Espoir au tout jeune parti de gauche S.R.L., qu'il vient de fonder, afin d'aider le mouvement à diffuser ses idées auprès des masses ouvrières pour les élections de 1946, tout en laissant l'absolu contrôle et l'indépendance de la ligne éditoriale à son directeur. Dans leur cercle d'intellectuels de gauche du Paris de l'après-guerre, les débats d'idées et de morale se font violents parmi ses jeunes gens engagés vers une cause commune durant la guerre et qui se trouvent maintenant en position de devoir choisir leur camp entre l'idéal communiste incarné par l'URSS victorieuse de la barbarie nazie, mais sous la coupe de Staline, et le capitalisme libéral américain qui selon eux asservit les travailleurs.  En 1947, Henri décide de publier un article dénonçant les camps de travail forcé en Union soviétique et finit par rompre les liens entre le journal et le S.R.L sur un mensonge visant à lui faire croire que Dubreuilh est membre du PCF. Sa rupture avec son mentor le laisse d'autant plus amer qu'au même moment sa vie intime avec Paule, qui devient de plus en plus délirante, prend définitivement fin et qu'il entame une liaison avec Josette, une très jeune femme, qu'il a rencontré à l'occasion d'un diner et dont la mère lui assure son soutien financier pour monter la pièce de théâtre qu'il vient d'écrire en échange du rôle principal pour sa fille. Henri finit par se prendre de passion charnelle pour Josette, délaisse ses anciens amis, et semble renier les idéaux qui furent les siens jusqu'au jour où il découvre que celle-ci et sa mère furent soupçonnées de collaboration avec les Allemands.  De son côté, Anne Dubreuilh, à l'occasion d'un voyage professionnel aux États-Unis, fait la rencontre d'un écrivain de Chicago, Lewis Brogan, dont elle tombe passionnément amoureuse après tant d'années de vie sage et platonique aux côtés de son mari. Ce sera une intense période de vie commune pour les deux amants qui doivent se séparer après quelques mois. Anne retourne en France en promettant de revenir l'année suivante.

 

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